Pré et probiotiques : quelle différence ?
Commençons par distinguer prébiotiques et probiotiques. Les probiotiques sont des bactéries étrangères à l’organisme qui par leur présence entraînent un certain nombre d’effets bénéfiques sur la santé. Les prébiotiques sont des composés contenus dans notre alimentation. Ils servent de nourriture au microbiote intestinal. Par le choix de prébiotiques spécifiques, on peut influencer la multiplication de certaines bactéries spécifiques, notamment les bifidobactéries et les lactobacilles.
Le lait maternel est essentiel au bon développement du microbiote du nourrisson
Chez le nourrisson, le lait maternel est considéré comme l’aliment de référence, en particulier au cours des six premiers mois de vie. Le lait maternel est composé de tous les nutriments nécessaires à la croissance et au développement d'un bébé. Certains nutriments, comme les vitamines ou les lipides, dépendent en grande partie de l’apport alimentaire de la mère, tandis que d’autres sont contrôlés génétiquement. Le lait maternel contient naturellement des composés prébiotiques. Ces derniers favorisent une croissance saine du microbiote dans l’intestin du nourrisson. Ils permettent de faciliter l’implantation de bactéries bénéfiques, améliorant ainsi la digestion, et ce tout en offrant une protection contre les agents pathogènes et en améliorant les fonctions de la barrière intestinale.
Parmi les composés prébiotiques naturellement présents dans le lait maternel, les HMO, oligosaccharides du lait humain, sont des glucides complexes présents en fortes concentrations (5-20 g/L) dans le lait.
HMOs : de nombreux effets protecteurs
Ces HMOs, généralement non digestibles, sont constitués de lactose, le glucide du lait, associé à du galactose, du N-acétyl-glucosamine, du fucose et/ou de l’acide sialique. La similarité des HMO avec les glycanes des muqueuses intestinales laissent penser que ces oligosaccharides favorisent la colonisation des muqueuses digestives par des bactéries commensales. Ils interviennent aussi sur la limitation de l’adhérence des germes pathogènes à l’épithélium et sur la réactivité des cellules muqueuses, pouvant éventuellement conférer une protection contre les infections.
Lors de la digestion, les HMO atteignent le côlon où ils servent de substrat pour l’implantation de bactéries bénéfiques comme les bifidobactéries et les lactobacilles. Ces colonies bactériennes vont à leur tour avoir leur propre métabolisation des autres substances nutritives présentes dans le tube digestif. C’est ainsi qu’elles vont par exemple produire du lactate ou pour certaines d’entre elles des acides gras à chaîne courte par fermentation.
Quid des nourrissons qui ne sont pas allaités ?
Les fabricants de laits infantiles se sont montrés, depuis des années, très sensibles aux prébiotiques et probiotiques. Ainsi, de nombreux laits présents sur le marché contiennent déjà des Fructo-Oligosaccharides ou FOS, des Galacto-Oligosaccharides ou GOS et des probiotiques. Cependant les découvertes récentes des bénéfices des HMOs du lait maternel poussent ces mêmes sociétés à étudier les modifications possibles de la composition des FOS/GOS pour les essayer de les rapprocher des HMO, en leur ajutant un radical « sialil » par exemple. Il n’en reste pas moins que ces composés ne sont pas naturellement présents dans le lait maternel au contraire des HMOs.
Ce qui explique que d’autres industriels aient proposés des formules enrichies en HMOs. Ces molécules synthétisées en laboratoire sont similaires à celles présentes dans le lait maternel. Les études récentes ont apporté des données cliniques relatives à l’innocuité et à la tolérance d’une supplémentation en HMO et leur sécurité d’emploi en tant qu’ingrédient dans les formules infantiles.
Des recherches récentes indiquent aussi que les HMO permettraient de favoriser le développement du microbiote intestinal du nouveau-né et par là même développer la protection immunitaire des nourrissons allaités. Ces composants bioactifs à vocation fonctionnelle et non pas énergétique, joueraient un rôle dans les défenses immunitaires grâce à plusieurs actions : développement des bactéries bénéfiques de l’intestin, renforcement de la fonction barrière intestinale grâce à leurs structures spécifiques capables de piéger les pathogènes, intervention dans les mécanismes de maturation du système immunitaire.
Conclusion
La modulation du microbiote infantile résulte d’une interaction délicate entre l’alimentation et une variété de bactéries commensales. Et rien ne vaut l’allaitement maternel pour réaliser cet équilibre fragile, la composition du microbiome du nourrisson influençant non seulement l’immunité de bébé mais aussi sa santé pendant sa vie d’adulte. Depuis ces découvertes, Il existe un engouement certain pour l’addition de molécules qui essayent de reproduire les fonctions des HMO du lait maternel dans les laits infantiles. Et quoi de plus simple, en gardant le lait maternel comme référence absolue, que de rajouter certains HMOs, rigoureusement identiques à ceux du lait maternel, dans les formules de lait infantiles.
Article rédigé par J. Varèse
Références
- El Kaoutari A. et al Med Sci (Paris) 2014 ; 30 : 259–265 Le microbiote intestinal et la digestion des polysaccharides
- Verkhnyatskaya S. et al Front. Microbiol, 25 February 2019, Shaping the Infant Microbiome With Non-Digestible Carbohydrates,. doi: 10.3389/fmicb.2019.00343