1er mécanisme potentiellement protecteur des HMO : développement d’un microbiote intestinal adéquat
La petite enfance est une étape critique qui peut avoir un impact sur les risques d'allergie plus tard dans la vie. Il est donc logique que les chercheurs s’intéressent aux rôles des HMO présents dans le lait maternel dans les risques d’allergies. Trois mécanismes possibles sont évoqués : le premier mécanisme concerne la maturation du microbiote intestinal médiée par les HMO permettant l’émergence d’un microbiote intestinal équilibré, avec une abondance en bifidobactéries. De nombreuses études observationnelles effectuées sur le microbiote intestinal montrent des anomalies chez les nourrissons développant par la suite des allergies : microbiote de type adulte avec une plus faible diversité, des niveaux élevés de Bifidobacterium adolescentis et de Firmicutes, et une présence réduite de Bacteroidetes, Proteobacteria et d’actinobactéries. Dans l'ensemble, ces études suggèrent des liens probables entre le développement du microbiote intestinal dans la petite enfance et la susceptibilité à la maladie atopique et aux allergies alimentaires. Ainsi, les HMO qui modulent directement le microbiote intestinal et ses populations, pourraient avoir un rôle à jouer dans la prévention des allergies. De plus, la présence de HMO permet l’augmentation de la production d’acides gras à chaine courte (AGCC) comme le propionate et le butyrate. En effet, outre leurs propriétés anti-inflammatoires, ces AGCC peuvent aussi diminuer le risque de développer de l'asthme et/ou une allergie.
2ème mécanisme : action sur la perméabilité intestinale
Deuxièmement, les HMO ont aussi un rôle majeur dans la régulation de la perméabilité de la barrière intestinale. Les effets des HMO individuels ont été étudié, l'effet le plus fort observé est avec le 3’FL : même après exposition des cellules intestinales à des cytokines inflammatoires, 3’FL améliore la fonction de la barrière intestinale. De nombreuses études ont mis en avant le rôle d’une augmentation de la perméabilité intestinale, entrainant le passage de plus d’antigènes, dans le développement de maladies allergiques. Les HMO régulant la perméabilité intestinale pourraient donc diminuer le risque de développer ces maladies.
3ème mécanisme : une action systémique directe
Enfin, troisième action, les HMO peuvent moduler directement le système immunitaire. In vitro, les HMO réduisent la production de cytokines pro-inflammatoires et augmentent les niveaux de cytokines impliquées dans la réparation tissulaire et l’homéostasie. Les 1% des HMO absorbés dans la circulation systémique peuvent donc avoir un rôle important dans la prévention de l’allergie, par exemple comme régulateurs de la réaction inflammatoire associée à l'atopie. C’est ainsi que de nombreuses études observationnelles analysent aussi la composition en HMO du lait maternel en rapport avec le risque allergique, avec des résultats très attendus pour les prochaines années, notamment sur l'impact des HMO à différents moments de l'allaitement et combien de temps leurs effets perdurent. Un premier exemple chez les enfants allaités a mis en évidence un risque réduit de manifestations d’eczéma (IgE médié) à 2 ans chez les nourrissons consommant un lait maternel riche en HMO 2-fucosylés, et notamment en 2’FL.
Conclusion
Plus de recherches doivent être faites sur l’influence des composants du lait maternel sur la maladie atopique et les allergies alimentaires, car les composants varient d'une mère à l'autre. Toutefois, un lien entre HMO et maladies allergiques semble bel et bien réel et ouvre de nouvelles perspectives très intéressantes pour la prévention des maladies allergiques, qui représentent un véritable enjeu de santé public.
Références :
Do Human Milk Oligosaccharides Protect Against Infant Atopic Disorders and Food Allergy? Soo Min Han, Nutrients 2020, 12, 3212; doi:10.3390/nu12103212