Des bifidobactéries qui produisent des acides aminés aromatiques
Tout commence par la découverte fortuite de corrélations frappantes entre l'abondance relative en bifidobactéries et l'abondance de trois catabolites d'acides aminés aromatiques, appelés acides lactiques aromatiques. Ces métabolites sont formés à partir des 3 acides aminés aromatiques, le tryptophane, la phénylalanine et la tyrosine. Toutefois, cette voie métabolique n’avait jamais été identifiée pour les bifidobactéries. Fait encore plus marquant et après analyse approfondie, il apparait que les bifidobactéries métabolisant les HMO, par exemple B. longum, B. bifidum et B.breve, sont aussi celles capables de produire des acides lactiques aromatiques et que leur capacité de production est de loin supérieure à celle des bifidobactéries non utilisatrices de HMO, comme par exemple B. adolescentis , B. animalis et B. catenulatum, qui sont retrouvées chez l’adulte.
Démonstration de la corrélation
La petite enfance est une phase critique du développement du système immunitaire. Afin d’explorer la relation entre bifidobactéries et acides lactiques aromatiques durant cette période, 25 nourrissons de la cohorte Copenhagen Infant Gut ont été suivis par analyse de fèces, à partir de la naissance et pendant 6 mois. Ces données ont permis de démontrer le lien étroit entre les espèces de Bifidobactéries présents chez les nourrissons, l'utilisation des HMO et la production d'acides lactiques aromatiques dans l'intestin.
Dernière étape de la validation : montrer une potentielle implication au niveau métabolique. Là aussi, démonstration fut faite du lien entre bifidobactéries, acides lactiques aromatiques et influence immunitaire. Les chercheurs sont en effet parvenus à corréler la quantité résiduelle d’acide lactique aromatique dans les matières fécales des bébés avec la modulation de certaines cytokines, notamment l’interleukine 22. Ils ont ainsi bouclé la boucle et montré que l’influence sur les cellules immunitaires humaines in vitro dépend de l'abondance d'acide lactique aromatique présent dans l’intestin, et donc aussi des espèces de bifidobactéries qui y sont présentes.
Conclusion
Dans l'ensemble, ces données révèlent de nouvelles voies d’influence des bifidobactéries infantiles, et potentiellement des HMO, sur le développement du système immunitaire du nourrisson.
Source :
Martin Frederik Laursen, Université technique du Danemark, corécipiendaire 2022 du prix Glenn Gibson
https://isappscience.org/bifidobacteria-in-the-infant-gut-use-human-milk-oligosaccharides-how-does-this-lead-to-health-benefits/