Des enfants peu touchés mais tout aussi contagieux
Trois semaines après le début de la pandémie, l’ECDC (European Centre for Disease Prevention) révélait que les patients âgés de 10 à 19 ans ne représentaient que 4% des cas de COVID-19 et que ce chiffre descendait à 1% pour les moins de 10 ans. En septembre 2020, des études sur de larges cohortes pédiatriques ont montré que chez les enfants, seulement 6% présentaient des formes graves contre 18,5% chez les adultes (Dong Y et al., 2020). Si les raisons de cette différence de symptômes sont encore floues, les enfants restent porteurs du virus et cela a eu un fort impact sur la pratique pédiatrique.
Une baisse des hospitalisations et un personnel réaffecté
Les données collectées par l’EPA-UNEPSA ont révélé une forte baisse de la fréquentation des urgences et des hospitalisations dans les services de pédiatrie au plus fort de la pandémie ; dans certains hôpitaux européens cette baisse a atteint plus de 70%. La peur d’emmener son enfant à l’hôpital n’a pas été la seule cause, les confinements ou la fermeture des écoles dans certains pays ont entrainé une forte diminution des maladies infectieuses autres que la COVID-19. Dans de nombreux cas, les lits et espaces libres des services pédiatriques ont été réaffectés aux services de réanimation pour en faire bénéficier des patients COVID de tout âge. De plus, une grande partie du personnel pédiatrique a également été mobilisé pour soutenir d’autres services.
Hausse des cas graves aux urgences et réémergence de maladies
La peur d’attraper la COVID-19 à l’hôpital a conduit les parents à parfois attendre des situations critiques avant d’y amener leur enfant. C’est ainsi que sont arrivés aux urgences des enfants atteints d’acidocétose sévère ou de septicémie généralisée, sans qu’une évaluation médicale préalable ait pu être réalisée.
Face à la pression du nombre de patients en réanimation, certaines opérations se sont vues reportées. Des troubles causés par des dépistages néonatals incomplets ont donc réémergés (Ehrich JH et al., 2015) et la pandémie a particulièrement retardé les programmes de vaccination (McIntosh ED et al., 2016).
Des pédiatres poussés à exercer à distance
L’insuffisance d’équipements de protection et de mesures permettant réellement de se prémunir du virus a poussé les pédiatres à privilégier la téléconsultation aux soins directs, malgré un manque évident de formation et d’équipement dédié pour certains médecins. Les prescriptions de tests en laboratoire ou en imagerie médicale ont également baissé, ce qui a pu conduire certains pédiatres à prescrire des traitements malgré des données insuffisantes.
Si ces nouvelles pratiques séduisent grâce à leurs faibles coûts et le gain de temps qu’elles engendrent, l’absence de contact humain reste un frein majeur pour la plupart des professionnels de santé. De plus, la confiance envers les médecins et le respect des prescriptions par le patient pourraient pâtir de telles pratiques. L’EPA-UNEPSA considère donc que la télésanté ne devrait être qu’une alternative aux soins conventionnels et non une pratique courante. Toutefois, les algorithmes et protocoles nécessaires à la téléconsultation continuent de se développer, les pédiatres devront donc se préparer à intégrer cette pratique dans un futur proche.
Finalement, quelles conséquences sur la pratique pédiatrique ?
A court terme, des pédiatres ont été mobilisés pour soutenir les services de réanimation et d’autres ont exercé à distance. Si la télésanté semble vouée à se démocratiser dans les années à venir, les pédiatres vont surtout devoir faire face aux perturbations causées par les reports d’opérations ou de vaccinations qui ont eu lieu pendant la crise.
Références
- Dong Y, Mo X, Hu Y, Qi X, Jiang F, Jiang Z, et al. Epidemiological characteristics of 2143 pediatric patients with 2019 coronavirus disease in China. Pediatrics 2020. in press.
- Ehrich JH, Kerbl R, Pettoello-Mantovani M, Lenton S. Opening the debate on pediatric subspecialties and specialist centers: opportunities for better care or risks of care fragmentation? J Pediatr 2015;167:1177-8.e2.
- McIntosh ED, Janda J, Ehrich JH, Pettoello-Mantovani M, Somekh E. Vaccine hesitancy and refusal. J Pediatr 2016;175:248-9.e1.
- SmithAC, Thomas E, Snoswell CL, Haydon H, Mehrotra A, Clemensen J, et al. Telehealth for global emergencies: implications for coronavirus disease 2019 (COVID-19). J Telemed Telecare 2020. in press.